CHÂTEAUNEUF

( source partielle : la Géographie de la Charente de Martin-Buchey (1914-17))

 

CHATEAUNEUF est une ville ancienne. Les grottes préhistoriques de Haute-Roche, dans la vallée de la font qui pisse , prouvent que les hommes y vécurent il y a plusieurs millénaires. Gaulois et Romains y ont également laissé des vestiges. Au début du Moyen Age, Châteauneuf s'appelait BERDEVILLE et n'était qu'une bourgade protégée par un château, construit en bois dans l'île de Calais (aujourd'hui île de la Fuie, appelée ainsi s'y trouvait le pigeonnier du château). Ce château de poutres et de planches brûla en 1081 et fut remplacé par une solide forteresse qui se dressait au-dessus de la Charente, probablement à l'emplacement de l'actuel champ de foire. Ses fortifications défendaient le seul pont de pierre existant alors entre Angoulême et Cognac, ce qui explique que ce fut un point stratégique au cours de la guerre de Cent ans, des guerres de Religion et la Fronde. Les Anglais lui accordèrent une très grande importance (la coiffe traditionnelle de notre région est la "quichenotte" qui vient sans doute de l'anglais "kiss not"). Maîtres de notre canton après le traité de Brétigny, 1360, ils ne se retirèrent qu'en 1376, après un siège que le roi Charles V dirigea en personne. Charles IX, accompagné de sa mère, Marie de Médicis, s'arrêta à Châteauneuf en 1565, pour écouter les doléances des protestants dont la garnison fut chassée par le Duc d'Anjou, en 1569, la veille de la bataille de Jarnac. Pendant les périodes de paix, CHATEAUNEUF, dans une grande courbe harmonieuse que décrit la Charente, était un lieu de séjour des plus agréables. Rien d'étonnant à ce que la ville attire les nobles et les rois. Le Comte JEAN Le BON en fit sa résidence préférée. Son fils, Charles V, père de FRANCOIS 1er, y mourut en 1495. FRANCOIS 1er, lui-même y vint souvent après être monté sur le trône et il y goûta les joies de la lune de miel après son mariage avec ELEONORE d ‘Autriche. Quand au « Château Neuf »il n'était déjà plus, en 1725, qu'une ruine.

La commune de Châteauneuf proprement dite s'étend sur la rive gauche de la Charente. C'est une contrée fortement accidentée. On y trouve de hautes collines d'où la vue s'étend au loin jusqu'aux remparts d'Angoulême et de ravissants vallons parmi lesquels nous citerons tout particulièrement la vallée du Biau et celle d'Haute-Roche. Cette dernière vallée, avec de magnifiques rochers, est des plus pittoresques. Malheureusement ces rochers ont en partie disparu sous le pic des carriers. A ne pas manquer également la délicieuse combe boisée de Bois-Durand... et les bords de Charente. Gros bourg commerçant naguère, Châteauneuf compte peu d'industries : subsistent encore cependant des activités liées à la culture de la vigne. On distille le vin pour obtenir les eaux de vie qui deviendront du Cognac. De petites usines liées à l'électricité et l'électronique sont, avec les carrières, source de main-d'oeuvre.

Une piscine, une baignade, un camping, un site d'escalade sont des atouts touristiques indéniables : Châteauneuf est une "ville verte" .

L'église Saint-Pierre de Châteauneuf fut fondée, au dire de l'historien Corlieu, par Guillaume III Taillefer, qui administra l'Angoumois de 1087 à 1120. Cette date est précieuse pour l'étude de cette église, qui est une des plus belles du département. C'est une basilique à trois nefs, terminée par un transept, que couronnaient, à l'origine, trois absides séparées par deux chevets rectangulaires répondant aux basses nefs. On dut, au quinzième siècle, reconstruire le sanctuaire principal et les chapelles du nord. La sculpture de l'église de Châteauneuf, les belles proportions de ses nefs et surtout sa magnifique façade en font un sujet d'étude pour les archéologues. Dans l'arcade nord de cette façade on rencontre la statue équestre de l'énigmatique personnage, dans lequel on veut voir tour à tour un Saint-Martin, un Saint-George, l'empereur Constantin, ou plus simplement le fondateur de l'église, cette dernière hypothèse étant en réalité celle qui soulève le moins d'objections.

L'église de SAINT-SURIN: Dans les années 700-800, c'est à dire à l'époque où régnèrent Clovis puis Charlemagne, les bergers qui demeuraient en colonies sur le secteur élevèrent une église. La petite église de Saint-Surin, désaffectée et vendue au moment où elle allait être inscrite au nombre des monuments historiques, remonte au huitième ou neuvième siècle. Elle a été simplement surélevée et voûtée au onzième siècle. Elle est le type authentique et absolument conservé de la plupart des édifices religieux postérieurs de la vallée de la Charente... Sans entretien, la petite église se détériore au fil du temps, mais en 1982, une association naît pour la restauration de l'église.