Ernest Monis



Ernest Monis est né à Chateauneuf le 23 mai 1846 dans la rue qui porte son nom… Son grand-père Emmanuel, ouvrier agricole, immigré espagnol, naturalisé français en 1814, épouse en 1815 Jeanne MARTIN, fille d'un cultivateur de Malaville. Son père Antoine MONIS, né le 22 décembre 1819 est huissier à Châteauneuf, sa mère, fille d'un boulanger de Chalais est institutrice. Antoine Monis fut Maire de Châteauneuf de 1851 à 1854 et de 1869 à 1870.

A 22 ans, Ernest Monis ayant terminé ses études de Droit à Poitiers, s'installe comme avocat à Cognac. Parallèlement à sa carrière d'avocat débute en 1871 sa carrière politique. A l'âge de 25 ans, il est Élu Conseiller d'Arrondissement pour le Canton de Châteauneuf, puis conseiller municipal à Cognac.

En 1879, il quitte Cognac et s'installe à Bordeaux toujours comme avocat. Le 20 juillet 1881, il épouse Marie-Louise, Valentine MALINEAU, orpheline de 17 ans. Il poursuit sa carrière politique en Aquitaine et est élu député de la Gironde en 1885 à 39 ans, dans le groupe des Républicains libéraux. Ses qualités l'amènent vite à devenir rapporteur des budgets de la Justice et des Affaires Étrangères à la Chambre des Députés.

En 1891 il devient Sénateur de la Gironde, siégeant dans le groupe de la Gauche démocratique. En 1899 sous la Présidence du Conseil de son ami Waldeck Rousseau, (rencontré à Poitiers lors de ses études de droit) Ernest Monis devient ministre de la Justice pendant 3 ans et on lui doit, entre autre, la très importante loi du 1er juillet 1901 sur les Associations. Il conviendrait de se souvenir, lors du Forum sur les associations que Châteauneuf veut organiser en juin 2003 que c'est un Castelnovien qui est à l'origine de l'organisation juridique du monde associatif tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. C'est également sous son ministère que la profession d'avocat s'est ouverte aux femmes.

En 1904 Ernest Monis eut la douleur de perdre son épouse. Madame Monis, de santé fragile s'était déjà retirée depuis longtemps, à Châteauneuf, dans leur propriété de Montdouzil. Elle aura donné naissance à un garçon qui sera un jour maire de Châteauneuf.

En 1910 Ernest Monis devient vice-président du Sénat et parallèlement à sa carrière parlementaire, il est très engagé dans la vie politique locale ; il devient Président du Conseil Général de la Gironde. Chacun lui reconnaît un rôle considérable dans les questions touchant au port de Bordeaux et à la viticulture du département (appellation d'origine). Le 2 mars 1911, Ernest Monis est appelé par le Président Fallières à constituer un gouvernement à majorité Radicale. Le Gouvernement Monis durera 3 mois et 3 jours, victime des difficiles dosages politiques de la 3ème République.

Peut être aussi un accident rare a pu abréger la carrière d'Ernest Monis en tant que Président du Conseil : le 21 mai 1911, Le Président Monis et son ministre Berteaux assistent à Issy les Moulineaux au départ de la course d'aviation Paris-Madrid. Un avion percute la tribune des officiels. Berteaux est tué sur le coup ; Monis est blessé (une jambe cassée et de fortes contusions).

En 1913 il redevint Ministre dans le cabinet Doumergue pour quelques mois, en qualité de Ministre de la Marine. Durant la Guerre 14-18, Ernest Monis accepte toutes les missions offertes par les Ministères ou le département de la Gironde. Après son échec en Gironde aux sénatoriales de janvier 1920, Ernest Monis, qui se trouvait dans une situation financière difficile, revint à Châteauneuf et se retire dans sa propriété de Mondouzil. Il y reprit une activité d'avocat, se contentant souvent de modestes causes devant les tribunaux de justice de Paix. Toujours impliqué dans la vie politique locale il est élu comme simple conseiller municipal sur la liste Descoffre en 1925 à l'âge de 79 ans. Il s'éteindra quatre ans plus tard à Montdouzil. Ernest Monis, petit-fils d'immigré fut une des figures importantes de la 3ème République. Il peut aussi être considéré comme un symbole de la possibilité d'ascension sociale qu'a su offrir notre République à ses enfants les plus méritants.